Dans le blues on a coutume de dire que l’harmonica est le « saxophone du Mississipi » Ce petit instrument a permis à des générations de bluesmen d’accéder aux joies de la musique à moindre frais.
Un de ses plus grands serviteurs fut incontestablement LITTLE WALTER (Marion Walter Jacobs). En jouant à même le microphone, à la limite de la saturation, il obtint un son bien à lui, dans la tradition des grands instrumentistes du jazz, pour lesquels il était important d’avoir un " son " personnel. Pousser les instruments dans leurs limites, obtenir des bruits de nature à donner des crises d’apoplexie aux directeurs de conservatoire de l’époque, tout ça pour transmettre de la joie, de la mélancolie ou les deux à la fois, tel était le but de ces musiciens.
Le louisianais LITTLE WALTER est de ceux-là. Sa sonorité est « dirty », son attaque puissante, son tempo souple et un tantinet paresseux, un langage musical riche en inflexions, on est en plein dans le jazz.
Et par chance, car cela est rare dans le blues, LITTLE WALTER a enregistré pas mal de morceaux purement instrumentaux, ce qui nous permet de profiter de son talent. Car si notre harmoniciste a un son, il a aussi une grande musicalité, et il improvise sur le blues des phrases dignes d’un saxophoniste, montrant que la boutade citée au début de cet article n’est pas usurpée chez LITTLE WALTER.

Un de ses plus grands serviteurs fut incontestablement LITTLE WALTER (Marion Walter Jacobs). En jouant à même le microphone, à la limite de la saturation, il obtint un son bien à lui, dans la tradition des grands instrumentistes du jazz, pour lesquels il était important d’avoir un " son " personnel. Pousser les instruments dans leurs limites, obtenir des bruits de nature à donner des crises d’apoplexie aux directeurs de conservatoire de l’époque, tout ça pour transmettre de la joie, de la mélancolie ou les deux à la fois, tel était le but de ces musiciens.
Le louisianais LITTLE WALTER est de ceux-là. Sa sonorité est « dirty », son attaque puissante, son tempo souple et un tantinet paresseux, un langage musical riche en inflexions, on est en plein dans le jazz.
Et par chance, car cela est rare dans le blues, LITTLE WALTER a enregistré pas mal de morceaux purement instrumentaux, ce qui nous permet de profiter de son talent. Car si notre harmoniciste a un son, il a aussi une grande musicalité, et il improvise sur le blues des phrases dignes d’un saxophoniste, montrant que la boutade citée au début de cet article n’est pas usurpée chez LITTLE WALTER.
Juke fut enregistré à la fin d'une session de MUDDY WATERS en 1952. Il est totalement improvisé, après sans doute une petite répétition dans la tradition du « head arrangement ». Le morceau commence d’entrée de jeu par un petit riff bien enlevé. D’emblée on remarque ce son fort éloigné de l’harmonica traditionnel, avec un « growl » (grognement) que pratiquent les saxophonistes « texans » entre autres ou les clarinettistes et trompettistes de la grande époque. Le morceau est un enchaînement de riffs tous remarquablement ajustés les uns aux autres provoquant des moments de tension, de détente, de relance. LITTLE WALTER sait nuancer son propos avec beaucoup de finesse et de sensibilité. Et c’est pour tout cela qu’il est grand.
Wikipedia en anglais consacre une page assez intéressante à Juke. L'auteur (ou les auteurs) remarque que les riffs du 1° chorus sont aussi ceux de Leaps Frog de Louis Armstrong en 1941. Cela ne saute pas aux oreilles. Ce morceau est un des plus mauvais du grand Louis (ils sont rares), sachant qu'il n'y prend que 8 mesures et qu'on y entend surtout des solos de musiciens de second plan. Qui plus est ce n'est pas un blues comme Juke mais un morceau de 32 mesures. En fait les riffs qui constituent Juke font partie du pot commun de la musique afro-américaine du sud créée de façon orale et instinctive, sans connaisance du solfège, à partir le milieu du 19°siècle. On retrouve ces riffs sur le blues avec plus ou moins de variantes chez King Oliver, les pianistes de boogie woogie, les grands orchestre de Kansas City, les Blues Shouters etc. C'est pour cela qu'il est vain de vouloir attribuer une paternité à cette musique, au sens composition, à qui que ce soit. Le jazz étant une façon d'interpréter, ce qui fait la force et l'originalité de Juke c'est encore une fois son « son », l'enchaînement très musical des riffs, un jeu d'harmonica réellement nouveau. Sachant que ni MUDDY WATERS, ni LITTLE WALTER ne savaient lire la musique, nous avons là l'expression d'une tradition orale du blues instrumental destiné à faire danser, comme elle existait chez LIGHTIN' HOPKINS ou BIG BILL BROONZY par exemple.
Le seul très petit défaut de cette interprétation c'est que le tempo accelère un peu.
Ajoutons que LITTLE WALTER est aussi remarquable lorsqu’il chante ou qu’il accompagne d’autres bluesmen comme MUDDY WATERS chez qui il a débuté. Ce fut un des plus grands innovateurs de l'âge d'or du blues de Chicago des années 50 et 60.
LITTLE WALTER eut une influence considérable sur tous les harmonicistes à partir du milieu des années 50. Il mourut hélas à 38 ans en 1968 des suites d'une bagarre dans un club (a Juke ! ).
Little Walter and His Hight Cats
Chicago le 12 mai 1952
Little Walter (h) Muddy Waters (g) Jimmy Rogers (g) Elga Edmunds (d)
7437 Juke Checker 758
Wikipedia en anglais consacre une page assez intéressante à Juke. L'auteur (ou les auteurs) remarque que les riffs du 1° chorus sont aussi ceux de Leaps Frog de Louis Armstrong en 1941. Cela ne saute pas aux oreilles. Ce morceau est un des plus mauvais du grand Louis (ils sont rares), sachant qu'il n'y prend que 8 mesures et qu'on y entend surtout des solos de musiciens de second plan. Qui plus est ce n'est pas un blues comme Juke mais un morceau de 32 mesures. En fait les riffs qui constituent Juke font partie du pot commun de la musique afro-américaine du sud créée de façon orale et instinctive, sans connaisance du solfège, à partir le milieu du 19°siècle. On retrouve ces riffs sur le blues avec plus ou moins de variantes chez King Oliver, les pianistes de boogie woogie, les grands orchestre de Kansas City, les Blues Shouters etc. C'est pour cela qu'il est vain de vouloir attribuer une paternité à cette musique, au sens composition, à qui que ce soit. Le jazz étant une façon d'interpréter, ce qui fait la force et l'originalité de Juke c'est encore une fois son « son », l'enchaînement très musical des riffs, un jeu d'harmonica réellement nouveau. Sachant que ni MUDDY WATERS, ni LITTLE WALTER ne savaient lire la musique, nous avons là l'expression d'une tradition orale du blues instrumental destiné à faire danser, comme elle existait chez LIGHTIN' HOPKINS ou BIG BILL BROONZY par exemple.
Le seul très petit défaut de cette interprétation c'est que le tempo accelère un peu.
Ajoutons que LITTLE WALTER est aussi remarquable lorsqu’il chante ou qu’il accompagne d’autres bluesmen comme MUDDY WATERS chez qui il a débuté. Ce fut un des plus grands innovateurs de l'âge d'or du blues de Chicago des années 50 et 60.
LITTLE WALTER eut une influence considérable sur tous les harmonicistes à partir du milieu des années 50. Il mourut hélas à 38 ans en 1968 des suites d'une bagarre dans un club (a Juke ! ).
Little Walter and His Hight Cats
Chicago le 12 mai 1952
Little Walter (h) Muddy Waters (g) Jimmy Rogers (g) Elga Edmunds (d)
7437 Juke Checker 758